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à Dieu que les rigueurs dont on veut user ; il donne en preuve l’exemple du Bon Pasteur poursuivant la brebis égarée. Il termine en exhortant les rois à traiter avec bonté ceux qui confessent volontairement leurs fautes ; il conseille de leur permettre de résider à Séville où en tout autre lieu, à leur choix, et de leur laisser la jouissance de leurs biens, comme si jamais ils n’eussent été coupables du crime d’hérésie. »

Dans une note, Balmès ajoute :

« En parlant de l’Inquisition d’Espagne, je ne me suis point proposé de défendre tous ses actes, pas plus sous le rapport de la justice que sous celui de la convenance publique. Sans méconnaître les circonstances exceptionnelles dans lesquelles cette institution s’est trouvée, je pense qu’elle aurait fait beaucoup mieux, à l’exemple de l’Inquisition de Rome, d’éviter autant qu’il était possible l’effusion de sang. Elle pouvait parfaitement veiller à la conservation de la foi, prévenir les maux dont la religion était menacée par les Maures et les Juifs, préserver l’Espagne du protestantisme, sans déployer cette rigueur excessive qui lui mérita de graves réprimandes, des admonestations de la part des Souverains Pontifes, provoqua les réclamations des peuples, fut cause que tant d’accusés et de condamnés firent appel à Rome, et fournit aux adversaires du catholicisme un prétexte pour taxer de cruauté une religion qui a l’effusion du sang en horreur. »