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salutation : Ave Maria purissima. Un grand nombre de personnes sortirent sur le seuil de leurs maisons pour féliciter les serenos ; on les embrassait, on leur donnait des cigares, du vin, de l’argent. Ce fut un enthousiasme presque universel. Si l’on avait su la chose d’avance, les cloches de la Giralda, celles des paroisses, celles des couvents eussent été mises en branle au premier Ave, et la plupart des maisons se fussent illuminées. »

J’étais ici le jour de Noël, et j’ai entendu la messe de minuit dans la cathédrale. La solennité n’a plus la splendeur d’autrefois, dit-on ; mais certaine partie du cérémonial est assez curieuse : ainsi au commencement de la cérémonie, l’officiant, le diacre et le sous-diacre se couchent sur le marchepied de l’autel pendant que le chœur récite des psaumes.

Pour retrouver la vraie fête de Noël, qui impressionnait tant notre enfance, il faut ici comme ailleurs aller dans les campagnes, et prêter l’oreille aux cantiques populaires.

En voici deux qui ne sont pas sans originalité, et que je traduis librement en vers, en m’aidant d’une traduction en prose que j’ai sous les yeux.


I


Enfants, la nuit est magnifique.
On n’entend aucun bruit ;
Chantons tous ensemble un cantique ;
Voici la sainte nuit.
Un enfant divin vient de naître ;
Venez Bergers,
Laissons ici nos troupeaux paître
Sous les vergers.