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pas oublié la fin tragique de son frère, don Fadrique, qui y fut assassiné.

Plusieurs chambres rappellent aussi le souvenir de la sympathique et malheureuse Maria de Padilla, qui paraît avoir été pour don Pedro ce que fut Louise de la Vallière pour Louis XIV.

D’autres ombres hantent ce palais maintenant abandonné, et je crois y voir passer la grande figure de Charles-Quint.

C’est dans la grande salle, au-dessus des bains de Maria de Padilla, que furent célébrées les fiançailles du grand homme avec l’infante du Portugal. De quelles fêtes pompeuses Séville fut alors témoin ! C’était le 3 mai 1526. Mais, après Charles-Quint, l’Alcazar est rentré dans le calme et l’obscurité.

Il y a d’autres palais dans Séville qui sont bien dignes d’attention. Le plus somptueux est San-Telmo, qui est la résidence du duc de Montpensier ; l’intérieur, somptueusement meublé, renferme des objets d’art de grand prix, et des tableaux superbes de tous les grands artistes de l’Espagne.

San Telmo s’élève au bord du Guadalquivir, près de la Tour de l’Or, et son jardin admirable s’étend le long des Delicias de Christina. Ses grands orangers dominent la haie, et leurs fruits d’or pendent au-dessus des promeneurs.

Dans un coin isolé de Séville, nous avons visité la maison de Pilate, propriété de la famille ducale de Medina Celi. C’est un magnifique palais de marbre, bâti, dit-on, sur le modèle de celui qu’habitait le gouverneur