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Comment rendre compte des sentiments que l’on éprouve en foulant sous ses pieds les tombeaux où dorment saint Ferdinand, dona Beatriz, Alphonse le Sage, Maria de Padilla, et Fernando Colomb, fils de l’illustre découvreur de l’Amérique ?

Je cède la parole à de Amicis pour finir :

« En entrant, on se trouve abasourdi, on se sent perdu comme dans un abîme ; et pendant quelques instants on ne fait que suivre de l’œil ces immenses courbes dans cet immense espace, comme pour s’assurer qu’on n’est pas trompé par ses yeux et par son imagination. Puis on s’approche d’un pilier, on le mesure, on regarde les autres au loin : ils sont gros comme des tours, et ils semblent si minces qu’on frémit à l’idée qu’ils portent l’édifice. »

« On les parcourt un à un, d’un regard rapide, du pavé à la voûte, et il semble qu’on peut compter les moments que le regard emploie à monter. Il y a cinq nefs, qui pourraient former chacune une grande église. Dans celle du milieu, une autre cathédrale pourrait se promener la tête haute avec sa coupole et son clocher. Toutes ensemble forment soixante-huit voûtes si hardies, que quand on les regarde, il vous semble que lentement, elles s’élargissent et s’élèvent »…

« Après s’être élancés jusqu’à ces hauteurs vertigineuses, le regard et l’intelligence retombent à terre, fatigués de l’effort, pour reprendre haleine afin de remonter. Et les images qui pullulent répondent à la grandeur de la basilique ; des anges démesurés, de monstrueuses têtes de chérubins, aux ailes grandes