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sont d’une hauteur qui jette l’imagination dans la stupeur. Malgré ses quatre-vingt-trois fenêtres, à vitraux coloriés d’après les dessins de Raphaël, de Michel-Ange, d’Albert Dürer et d’autres artistes, le jour pénètre à peine dans ce vaste temple, plein de mystère et de profondeur.

On y compte je ne sais combien de chapelles latérales, et quatre-vingts autels, où se disent tous les jours plusieurs centaines de messes.

Les orgues ressemblent à un temple à colonnes, et le cierge pascal, au grand mât d’un navire. Un monumento en bois et en carton, sur lequel on expose le saint Sacrement pendant la Semaine Sainte, a plus de cent pieds de hauteur.

Comme dans les autres églises d’Espagne, le chœur occupe le milieu de la grande nef, et forme à lui seul une vaste église. Le maître-autel est merveilleux, et le retable, divisé en trente-six compartiments, représente en relief des sujets empruntés à l’Ancien et au Nouveau Testament. De célèbres sculpteurs espagnols y travaillèrent pendant plus de cinquante ans.

Que dire, maintenant des tableaux qui ornent les chapelles et les sacristies, et qui sont signés Murillo, Zurbaran, Campana, Moralès, Goya, Pacheco et Montañez ?

Comment vous décrire la fameuse tour de la Giralda, haute de trois cent cinquante pieds, avec son beffroi élégant, et ses vingt-quatre cloches, qui emportent les sonneurs dans leurs volées, et les suspendent au-dessus de l’abîme ?