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gnols valent mieux que celles de tous les autres pays d’Europe.

Il me semble en outre que les poètes et les romanciers ont fort exagéré la beauté des Andalouses. Il y a sans doute ici quelques femmes, qui sont très belles, mais elles sont rares ; et leur beauté est surtout dans leurs yeux, noirs, rêveurs, profonds, étranges, énigmatiques. Peut-être savent-elles mieux que les autres femmes que les yeux ne leur ont pas été donnés seulement pour voir, mais pour parler, pour enflammer, pour blesser !

Outre leurs balcons grillés et leurs patios pleins de lumière, les maisons de Séville se font remarquer par leurs façades peintes de couleurs claires, par leurs escaliers de faïence coloriée, et par leurs terrasses toutes blanches.

Les jardins publics sont très beaux, et l’on n’en est pas surpris quand on connaît la température de Séville. J’y ai passé quelques heures le jour de Noël, et j’ai trouvé le soleil de midi si ardent que j’ai dû chercher l’ombre des palmiers.

Ah ! quel beau climat que celui de l’Andalousie ! Sans doute, il n’y aurait pas de malades ici, s’il n’y avait pas de médecins !

On m’a montré une plante assez curieuse qu’on appelle jara. Les fleurs ont cinq pétales blancs, et chaque pétale a une tache, rouge et sanglante comme une blessure. N’est-ce pas un symbole de l’homme qui a cinq sens, et dont chacun souffre et saigne ?

La plus belle promenade de Séville s’étend entre le Guadalquivir et le jardin du duc de Montpensier : on