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Séville est riche de ces souvenirs qui rappellent les noms illustres de saint Ferdinand, d’Alphonse le Sage, de don Sanche IV, de saint Vincent Ferrier, de saint Isidore, et d’une légion de grands écrivains et d’artistes admirables.

Son histoire est tellement ancienne qu’il faudrait remonter presque au déluge pour retrouver son origine. Je ne badine pas, Séville prétend avoir eu pour fondateur Hercule, qui fut probablement l’arrière petit-fils de Noé ! Ses commencements auraient donc été entourés de merveilles, et je ne demande pas mieux que d’y croire. Les merveilles du passé consolent des vulgarités du présent.

L’histoire ancienne de Séville est d’ailleurs résumée en six vers, gravés sur la porte de Jerez : —


Hercules me edifico ;
Julio Cesar me cerco
De muros y torres altas.
Un rey Godo me perdio.
El rey santo me gano
Con Garci Perez de Vargas.


dont voici la traduction :

Hercule me bâtit — Jules César m’entoura — de murailles et de hautes tours — Un roi Goth me perdit. — Le roi saint me reconquit — avec Garci Perez de Vargas.

Les admirateurs enthousiastes de Séville — et tous ses visiteurs le deviennent — disent : « qui n’a pas vu Séville n’a pas vu de merveille. »

Au premier coup d’œil elle m’a conquis, et je ne trouve presque pas exagérée cette description qu’en