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dire qu’en expulsant ces terribles ennemis du nom chrétien, les rois catholiques d’Espagne ont sauvé non seulement le Christianisme, mais encore la civilisation et l’art.

Je crois aussi que l’islamisme n’a subsisté jusqu’à nos jours, que grâce à certains principes fondamentaux qu’il a empruntés au christianisme. La part de vérité, contenue dans le Coran et copiée de la Bible, l’a préservé d’une ruine précoce, comme la Cathédrale catholique a sauvé la mosquée de Cordoue.

Mais ce n’est pas en courant d’une ville à l’autre, et dans une chambre d’hôtel qui ne contient pas un livre, que je puis approfondir ces questions.

Pour en finir avec Grenade, je veux reproduire ici cette charmante ballade que je trouve dans une vieille revue d’Espagne :


À LA VIERGE DE GRENADE


Elle est de marbre pâle, vêtue d’une robe d’or et d’un manteau bleu,
Où brillent des étoiles de feu.
Je l’ai couverte de joyaux et de fleurs.
Elle est toujours pâle.
Je lui ai fait une chapelle où nuit et jour luit la lampe aux sept lumières.
Elle est toujours pâle.
Je lui ai donné mon chapelet de rubis, et ma croix d’escarboucles.
Elle est toujours pâle !
Une larme d’amour est tombée de mes yeux sur sa main ouverte.
Alleluia ! Elle à souri, ses joues se sont rosées.


De Grenade à Séville, nous traversons presque toute l’Andalousie, qui, en décembre, est un véritable verger.

Rien de plus pittoresque et de plus riant que ce paradis terrestre. Les pelouses vertes couvrent le fond