Page:Routhier - À travers l'Espagne, lettres de voyage, 1889.djvu/114

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 115 —

consultant, dont la diplomatie européenne n’apprit qu’à la longue à se passer.

Un jour même, on voulut qu’il se remît à la tête d’une armée d’invasion contre la France, et il l’avait presque promis. Mais il n’y fut pas contraint, et il resta dans son couvent dont il remplissait tous les saints exercices.

Il y mourut entouré de prélats et de religieux, embrassant pieusement le crucifix que l’impératrice avait elle-même embrassé en mourant.

En tournant le dos au palais de Charles-Quint, on arrive bientôt à l’escarpement où s’élèvent les murailles et les tours de l’Alhambra, couronnées de créneaux et de terrasses.

Du haut de ces terrasses, on aperçoit, au loin dans la plaine, une ville de peu d’étendue, et dont les maisons sont couvertes en tuiles rouges. On la nomme Santa-Fe, et son origine mérite d’être racontée.

C’était au printemps de 1491. L’armée espagnole, campée à l’endroit même où s’élève aujourd’hui Santa-Fe, faisait le siège de Grenade, dernier boulevard de l’Islamisme en Espagne.

Pour ranimer le courage de ses soldats qui perdaient confiance, la reine Isabelle elle-même était venue rejoindre son noble époux au camp, et le marquis de Cadix lui avait cédé sa tente. Par malheur, une des caméristes de la princesse s’endormit un soir sans éteindre une lumière placée trop près de la toile ; le feu prit à la tente, et la plus grande partie du camp fut réduite en cendres.