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Arrière-petit-fils de Ferdinand, et d’Isabelle, reine de Castille, il occupa les plus hautes dignités à la cour de Charles-Quint, le suivit dans ses expéditions, et devint le vice-roi de Catalogne. À la mort de son père, le duc de Candie, il dut aller prendre possession de son duché, et gouverner ses sujets. Il y fonda des monastères, des hôpitaux, fit des bonnes œuvres sans nombre, et devint un modèle de vertu.

Il avait épousé Éléonore de Castro, et en avait eu huit enfants. Quand elle mourut, il voulut entrer dans la Compagnie de Jésus, et, après trois ans consacrés à assurer l’avenir de ses enfants, il y fut admis.

La gloire l’y suivit, et saint Ignace le nomma son vicaire général dans toute l’étendue des Espagnes, du Portugal et des Indes-Occidentales.

Resté l’ami et le confident du grand empereur, il le prépara à la mort dans le monastère de Saint-Just, que celui-ci avait choisi pour retraite après son abdication.

Rien ne montre mieux le caractère profondément catholique de cette époque que cette réclusion volontaire, et cette pénitence d’un homme qui avait été le maître des destinées du monde.

Quel étonnement doivent éprouver les souverains et les hommes d’État de nos jours, s’ils lisent l’histoire de Charles-Quint, en le voyant abdiquer librement, et se renfermer dans un cloître pour se préparer à mourir ! Penseur profond, homme d’État habile et ambitieux, conquérant de plusieurs royaumes, il gouvernait l’Europe depuis plus de trente ans, et il n’avait encore que