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de Jeanne la Folle. Ces mausolées sont de la plus grande beauté et enrichis de sculptures magnifiques. Sur un large catafalque de marbre, Ferdinand et Isabelle sont étendus avec les insignes de leur royauté, et semblent dormir dans la sérénité et le rayonnement de la gloire. Aux encoignures du catafalque sont sculptés les écussons royaux portés par des anges, et tout autour sont rangées des statues d’évêques, de moines, et de guerriers. C’est une œuvre digne des cendres augustes qu’elle recouvre.

Quelle émotion j’ai éprouvée en songeant que j’avais sous les yeux les restes de ce grand souverain et de cette grande reine qui ont conduit l’Espagne à l’apogée de la gloire !

Aussi leur souvenir est-il ineffaçable à Grenade, où tout les rappelle. Leurs noms sont inscrits partout ; leurs portraits, leurs statues, leurs écussons sont dans tous les musées et dans toutes les églises.

Le tombeau de Jeanne la Folle, mère de l’empereur Charles-Quint, m’a rappelé un fait historique qui n’est pas sans intérêt.

C’est ici que saint François de Borgia, alors marquis de Lombay et grand écuyer de l’impératrice, songea pour la première fois peut-être à se retirer du monde, et se consacrer à Dieu.

Il était venu à Grenade pour accompagner les restes mortels de l’impératrice, et les remettre au clergé chargé de la sépulture. Pour rendre témoignage que c’était elle-même, il fit ouvrir le cercueil de plomb où elle était ensevelie, et quand il aperçut, hideux et horrible à voir,