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xv

DE-CI DE-LÀ

L’Alaméda. — Un mendiant linguiste. — La cathédrale. — La chapelle royale et ses tombeaux. — Jeanne la Folle et Saint François de Borgia. — Gonzalve de Cordoue et ses comptes. — Saint Jean-de-Dieu. — Sainte Thérèse.

L’Alaméda est une promenade très vantée de Grenade. Elle est spacieuse, plantée d’arbres, ornée de fleurs et de deux fontaines monumentales ; mais ce qui en double l’intérêt est d’y voir circuler la population, et d’en observer les curieux costumes.

Malheureusement nous y sommes assaillis par les petits mendiants qui sont légion à Grenade. L’un d’eux pourtant à réussi à m’intéresser. Il était boiteux, et âgé de 9 à 10 ans ; il avait l’œil vif, la voix claire, et il me poursuivait avec acharnement.

Je crus l’embarrasser en lui disant : I don’t understand you, speak english.

My dear sir, reprit-il, avec l’accent britannique, give me a penny, pray.

— Parle français, répliquai-je.

— Faites-moi l’aumône d’un petit sou, mon bon monsieur, continua-t-il, sans hésiter.

Je fus non seulement attendri, mais charmé, et je m’exécutai de bonne grâce.