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nière, pour jouir de la chaleur et de la clarté du jour. Ici toute la famille est étendue sur le sol, et se chauffe au soleil : là quelques Gitanes groupées, sont assises au milieu des cactus, et font des paniers, pendant que leurs petits, à peine vêtus, gambadent autour d’elles ; ailleurs des Gitanos conduisent dans des sentiers impossibles, au milieu des escarpements de la montagne, de petits ânes chargés de fagots ou de légumes. Cette variété d’aspect nous amuse.

Le dénuement des grottes est inimaginable. Il faut se courber en deux pour y entrer, et tout le mobilier consiste dans un banc de bois, une petite table et quelques paillassons, qui remplacent les lits. Souvent même les paillasses manquent, et toute la famille couche sur le sol.

Les enfants sont assez nombreux, et cette fourmilière paraît joyeuse. Je suis sûr que les Gitanos s’estiment heureux ; tant il est vrai de dire que le bonheur est relatif en ce monde !

Les poètes et les romanciers ont trop vanté les Gitanes. Elles ne sont ni belles, ni gracieuses, ni séduisantes ; et tout ce que je puis dire de leur chant et de leurs danses, après la représentation qu’elles nous ont donnée le soir, c’est que leurs voix sont criardes et leurs danses curieuses à voir.

C’est très original, mais cela manque d’entrain. Ce sont les bras, plutôt que les jambes, qui font les mouvements et battent la mesure, en accompagnant certaines contorsions du corps qui n’ont rien de très gracieux. À certains moments, la cadence se ralentit