Page:Routhier - À travers l'Espagne, lettres de voyage, 1889.djvu/100

Cette page a été validée par deux contributeurs.


xxiv

CHEZ LES GITANOS

Une légende. — Les tanières des Gitanos. — Leurs chants et leurs danses. — Leur roi.

Une vieille légende, dont l’origine est évidemment andalouse et même grenadine, raconte, avec une irrévérence qui montre bien toute l’admiration des Espagnols pour leur patrie, que si Jésus résista à la tentation, lorsque Satan lui montra et lui offrit tous les royaumes de la terre, c’est que le démon oublia de lui montrer l’Espagne.

Mais la vraie Espagne, c’est l’Andalousie. Voilà vraiment le paradis terrestre de l’Occident, comme la Palestine fut l’éden de l’Orient.

Quand on est jeune encore, le seul nom de l’Espagne fait rêver de gloire, de grandeur, d’art et de tous les genres de beautés.

Les noms de Grenade, Cordoue, Tolède, et Séville, éveillent mille visions dans lesquelles passent des cavalcades et des tournois, des sérénades et des danses de gitanes au bruit des castagnettes, des sarabandes de mantilles mystérieuses au son de la guitare, des amphithéâtres remplis de picadors et de banderilleros, des alguazils et des duègnes, des infantes écoutant la diane des chevaliers, ou des sultanes voluptueuses au fond des patios embaumés des Alcazars.