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monarques eux-mêmes, hésiteraient-ils à combler ceux-ci d’honneurs et de prévenances ?

Je soupçonne le ou les Brahmanes auteurs de ce vaste poème du Mahâbhârata, de n’avoir point rédigé ce passage, non plus que les passages analogues qui s’y rencontrent à chaque instant, dans des vues absolument désintéressées. D’autre part, je crains fort que les rois de la terre n’aient pas toujours calqué leur conduite à leur égard sur celle des rois du ciel, et que plus d’un, en dépit de l’exemple de Kṛṣṇa-Viṣṇu, se soit refusé à leur laver les pieds.

Le poète poursuit la description du Râjasûya ; je relève, en passant, ce nouveau détail :

« Rivalisant de magnificence avec le dieu Varuna[1] lui-même, Yudhiṣṭhira procédait à ce sacrifice qui se composait de six feux et qu’ornaient de nombreuses dakṣinâs »[2].

Nîlakaṇṭha énumère les six feux mentionnés dans ce çloka. Ce sont les feux Âram̃bhaṇiya, Kṣatra, Dhṛṭi, Vyuṣṭi, Dvirâtra et Daçapeya.

L’Âram̃bhaṇiya est le premier que l’on allume, le Kṣatra semble se rapporter spécialement à la caste royale ; le Dhṛṭi lui est toujours joint dans le Râjasûya ; le Vyuṣṭi est une variété du Dvirâtra, ainsi appelé parce qu’il dure deux jours. Le Daçapeya, enfin, tire son nom d’une décuple libation de Soma. Ces définitions que nous empruntons à Böhtlingk sont assez vagues et incomplètes, il faut bien l’avouer.

Précédemment, le poète mettait les paroles suivantes sur les lèvres de Kṛṣṇa :

  1. Le Dieu de l’Océan. Les perles qui gisent au fond des mers, d’après les traditions de l’Inde, constituent son trésor qui est inépuisable.
  2. XXXV, 16.