Page:Rousseau - Le château de Beaumanoir, 1886.djvu/93

Cette page a été validée par deux contributeurs.

XIV

L’AVEU.


Quelques jours se passèrent sans incidents remarquables. M. Bigot n’avait pas donné signe de vie. M. de Godefroy, retenu à sa chambre par une forte attaque de goutte, n’avait pu non plus se présenter à l’intendance. Claire, lui prodiguant ses soins, n’avait pas eu l’avantage de revoir Louis Gravel.

Celui-ci vivait dans des transes continuelles, balloté par des alternatives de confiance et de crainte, suivant la disposition de ses esprits.

Très-lié avec un officier du régiment dans lequel il était lieutenant, Claude d’Ivernay, dont la sœur avait été compagne de couvent de Claire de Godefroy, comme tous les amoureux, incapable de vivre plus longtemps dans une aussi cruelle incertitude, Louis résolut de lui faire ses confidences.

— Ainsi, c’est une passion tout-à-fait sérieuse ? disait Claude d’Ivernay, un soir qu’étant de service, il se promenait avec Louis Gravel sur les remparts.

— En doutes-tu ? mon cher ami, quand toi-même tu as remarqué depuis quelques jours le