Page:Rousseau - Du contrat social, 1772.djvu/276

Cette page n’a pas encore été corrigée

en second lieu que je crois avoir prouvé dans l’un de mes écrits, que l’homme est né compatissant, & porté par instinct à secourir ses semblables au besoin, & quoique la société détruise cette douce impression, que la nature a gravée dans nos cœurs, on ne m’auroit pas accusé avec moins d’emportement, de vouloir me soustraire aux devoirs de l’humanité ; on auroit supposé, dans mon indifférence apparente pour les hommes, un fond de haine & d’aversion que leur perversité n’a jamais pu y faire naître. Il étoit donc à propos d’éviter ce soupçon injurieux, pour pouvoir mettre la justice de mon côté, & le genre humain dans son tort.

Enfin, mon cher ami, (permettez-moi de vous donner ce titre pour la derniere fois) l’amitié qui nous unit depuis long-temps, & qui sera le seul objet de mes regrets, pendant le divorce que je viens d’obtenir, m’a empêché de solliciter plutôt cet heureux Décret * de ma liberté originelle

____________________________________

  • L’Arrêt du Parlement.