Page:Rousseau - Dictionnaire de musique, Vve Duchesne, 1768.djvu/442

Cette page n’a pas encore été corrigée

424 P- W ^’

félon la nature des pieds. Ainli de deux Rhythmes de même Genre, réfultans l’un de deux Spondées , l’autre de deux Pyrriqiies , le premier auroit été double de l’autre en durée.

Les fîlences fe trouvoient auflî dans le Rhythmc ancien ; non pas , à la vérité , comme les nôtres , pour faire taire feulement quelqu’une des Parties ^ ou pour donner certains caraélères au Chant : mais feulement pour remplir la mefure de ces vers appelles Cataleptiques , qui manquoient d’une fyllabe : ainfi le filence ne pouvoit jamais fe trouver qu’à la fin du vers pour fuppléer à cette fyllabe. A l’égard des Tenues , ils les connoiifoient fans doute . puifqu’ils avoient un mot pour les exprimer. La pratique en devoit cependant ctre fort rare parmi eux ; du moins cela peut- il s’inférer de la nature de leur Rhythmc , qui n’étoit que l’expreflîon de la Mefure & de l’Harmonie des vers. Il ne paroît pas non plus qu’ils pratiquaifent les Roulades , les Syncopes , ni les Points , à moins que les Inftrumens ne fiffent quelque chofo de femblable en accompagnant la Voix } de quoi nous n’avons nul indice.

Volîîus dans fon Livre de Poëmamm cantu^ & viribus Rhythmi,reee beaucoup le Rhythme ancien, & il lui attribue toute la force de l’ancienne Mulique. Il dit qu’un Rhythme détaché comkoe le nôtre , <jui ne repréfente aucune image des chofes, ne peut avoir aucun effet, & que les anciens nombres poétiques n’avoient été inventés que pour cette fin que nous négligeons. Il ajoute que le langage & la Poélîe modernes font peu propres pour la Mufique , Se que nous n’aurons jamais de bonne Mufique vocale jufqu’à ce que nous fartions des vers favorables pour ’e Chant ; c’eft-à-dire, jufqu’à ce que nous réformions notre langage, & que nous lui donnions , à l’exemple des Anciens, la quantité & les Pieds mefurés , en profcrivant pour jamais l’invention barbare de la rime.

Nos vers , dit-il , font précifément comme s’ils n’avoient qu’un feul Pied : de forte que nous n’avons dans notre Poéfie aucun Rhythme véritable , & qu’en fabriquant nos vers nous ne penfons qu’à y faire entrer un certain nombre de fyllabes , fans prefque nous embai raffer de quelle nature elles font. Ce n’eft fûrement pas-là de l’e'coife pour la JVlulique. J-’C