Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t9.djvu/85

Cette page n’a pas encore été corrigée

Vénitienne que chantent les Gondoliers à Venise. Quoique les Airs des Barcarolles soient faits pour le Peuple, & souvent composés par les Gondoliers mêmes, ils ont tant de mélodie & un accent si agréable, qu’il n’y a pas de Musicien dans toute l’Italie qui ne se pique d’en savoir & d’en chanter. L’entrée gratuite qu’ont les Gondoliers à tous les Théâtres, les met à portée de se former sans frais l’oreille & le goût ; de sorte qu’ils composent & chantent leurs Airs en gens qui, sans ignorer les finesses de la Musique, ne veulent point altérer le genre simple & naturel de leurs Barcarolles. Les paroles de ces Chansons sont communément plus que naturelles, comme les conversations de ceux qui les chantent : mais ceux à qui les peintures fidelles des mœurs du Peuple peuvent plaire, & qui aiment d’ailleurs le Dialecte Vénitien, s’en passionnent facilement, séduits par la beauté des Airs ; de sorte que plusieurs Curieux en ont de très-amples recueils.

N’oublions pas de remarquer à la gloire du Tasse, que la plupart des Gondoliers savent par cœur une grande partie de son Poeme de la Jérusalem délivrée, que plusieurs le savent tout entier, qu’ils passent les nuits d’été sur leurs barques à le chanter alternativement d’une barque à l’autre, que c’est assurément une belle Barcarolle que le Poeme du Tasse, qu’Homere. seul eût avant lui l’honneur d’être ainsi chanté, & que nul autre Poeme Epique n’en a eu depuis un pareil.

BARDES. Sorte d’hommes très-singuliers, & très-respectés jadis dans les Gaules, lesquels étoient à la sois Prêtres, Prophetes, Poetes & Musiciens.

Bochard fait dériver ce nom de Parat, chanter ; & Camden