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entre la finale de re & celle de mi Bémol, comme entre la finale de la & celle de si Bémol ; cependant la même Musique nous affectera très-différemment en À la mi re qu’en B fa, & en D sol re qu’en E la fa ; & l’oreille attentive du Musicien ne s’y trompera jamais, quand même le Ton général seroit haussé ou baissé d’un semi-Ton & plus ; preuve évidente que la variété vient d’ailleurs que de la simple différente élévation de la Tonique.

À l’égard des Facteurs, ils trouvent qu’un Clavecin accordé de cette maniere n’est point aussi bien d’accord que l’assure M. Rameau. Les Tierces majeures leur paroissent dures & choquantes, & quand on leur dit qu’ils n’ont qu’à se faire à l’altération des Tierces comme ils s’étoient faits ci-devant à celle des Quintes, ils répliquent qu’ils ne conçoivent pas comment l’Orgue pourra se faire à supprimer les battemens qu’on y entend par cette manière de l’accorder, ou comment l’oreille cessera d’en être offensée. Puisque par la nature des Consonnances la Quinte peut être plus altérée que la Tierce sans choquer l’oreille & sans faire des battemens, n’est-il pas convenable de jetter l’altération du côté où elle est le moins choquante, & de laisser plus justes, par préférence, les Intervalles qu’on ne peut altérer sans les rendre discordans ?

Le P. Mersenne assuroit qu’on disoit de son tems que les premiers qui pratiquèrent sur le Clavier les semi-Tons, qu’il appelle feintes, accorderent d’abord toutes les Quintes à-peu-près selon l’Accord égal proposé par M. Rameau ; mais que leur oreille ne pouvant souffrir la discordance des Tierces majeures nécessairement trop fortes, ils tempérerent l’Accord