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étoit susceptible d’accélération & de ralentissement, à la volonté du Poete, selon l’expression des paroles & le caractere des passions qu’il faloit exprimer. Ainsi de ce deux moyens combinés naissoient des foules de modifications possibles dans le mouvement d’un même Rhythme ; qui n’avoient d’autres bornes que celles au-deçà ou au-delà desquelles l’oreille n’est plus à portée d’appercevoir les proportions.

Le Rhythme, par rapport aux pieds qui entroient dans la Poésie, se partageoit en trois autres Genres. Le Simple, qui n’admettoit qu’une sorte de pieds ; le Composé, qui résultoit de deux ou plusieurs especes de pieds ; & le Mixte, qui pouvoit se résoudre en deux ou plusieurs Rhythmes, égaux ou inégaux, selon les diverses combinaisons dont il étoit susceptible.

Une autre source de variété dans le Rythme étoit la différence des marches ou successions de ce même Rhythme, selon l’entrelacement des différens vers. Le Rhythme pouvoit être toujours uniforme ; c’est-à-dire, se battre à deux Tems toujours égaux, comme dans les vers Hexametres, Pentametres, Adoniens, Anapestiques, ou toujours inégaux, comme dans les vers purs Iambiques. ou diversifié, c’est- à-dire, mêlé de pieds égaux & d’inégaux, comme dans les Scazons, les Choriambiques, &c. Mais dans tous ces cas les Rhythmes, même semblables ou égaux, pouvoient, comme je l’ai dit, être fort différens en vitesse selon la nature des pieds. Ainsi de deux Rhythmes de même Genre, résultans l’un de deux Spondée, l’autre de