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J’ajoute que, quoiqu’on ne cherche pas communément dans le Récitatif la même énergie d’expression que dans les Airs, elle s’y trouvé pourtant quelquefois ; & quand elle s’y trouvé, elle y fait plus d’effet que dans les Airs mêmes. Il y a peu de bons Opéra, où quelque grand morceau de Récitatif n’excite l’admiration des Connoisseurs, & l’intérêt dans tout le Spectacle ; l’effet de ces morceaux montre assez que le défaut qu’on impute au genre n’est que dans la maniere de le traiter.

M. Tartini rapporte avoir entendu en 1714, à l’Opéra d’Ancone, un morceau de Récitatif d’une seule ligne, & sans autre Accompagnement que la Basse, faire un effet prodigieux non-seulement sur les Professeurs de l’Art, mais sur tous les Spectateurs. "C’étoit, dit-il, au commencement du troisieme Acte. À chaque représentation un silence profond dans tout le Spectacle annonçoit les approches de ce terrible morceau. On voyoit les visages pâlir, on se sentoit frissonner, & l’on se regardoit l’un l’autre avec une sorte d’effroi : car ce n’étoient ni des pleurs, ni des plaintes ; c’étoit un certain sentiment de rigueur âpre & dédaigneuse qui troubloit l’ame, serroit le cœur & glaçoit le sang." II faut transcrire le passage original ; ces effets sont si peu connus sur nos théâtres que notre Langue est peu exercée à les exprimer.

L’anno quatordecimo del secolo presente nel Dramma che si rapresentava in Ancona, v’era sul’l principio dell’Atto terzo una riga di Recitativo non accompagnato da altri stromenti che dal Basso ; per cui, tanto in noi professori, quanto negli ascoltanti,