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indifférente pour le même effet. Il y a des Voix fortes & sonores qui en imposent par leur étoffe ; d’autres légeres & flexibles, bonnes pour les choses d’ exécution ; d’autres sensibles & délicates, qui vont cœur par des Chants doux & pathétiques. En général les Dessus & toutes les Voix aiguës sont plus propres pour exprimer la tendresse & la douceur, les Basses & Concordans pour l’emportement la colere : mais les Italiens ont banni les Basses de leurs Tragédies, comme une Partie dont le Chant est trop rude pour le genre héroïque, & leur out substitué les Tailles ou Tenor, dont le Chant a le même caractere avec un effet plus agréable. Ils emploient ces mêmes Basses plus convenablement dans le Comique pour les rôles à manteaux-, & généralement pour tous les caracteres de charge.

Les Instrumens ont aussi des Expressions très-différentes selon que le Son en est fort foible, que le timbre en est aigre ou doux, que le Diapason en est grave ou aigu, qu’on en peut tirer des Sons en plus grande ou moindre quantité. Il Flûte est tendre, le Hautbois gai, la Trompette guerriere, le Cor sonore, majestueux, propre aux grandes Expressions. Mais il n’y a point d’ Instrument dont on tire une Expression plus variée & plus universelle que du Violon. Cet instrument admirable fait le fond de tous les Orchestres, & suffit au grand Compositeur pour en tirer tous les effets que les mauvais Musiciens cherchent inutilement dans l’alliage d’une multitude d’Instrumens divers. Le Compositeur doit connoître le manche du Violon pour Doigter ses Airs, pour disposer ses Arpeges, pour savoir l’effet des Cordes à vide, &