Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t9.djvu/302

Cette page n’a pas encore été corrigée

Intervalles Enharmoniques, en employant à la fois ou successivement entre deux Notes qui sont à un Ton l’une de l’autre le Bémol de l’inférieure & le Dièse de la supérieure. Mais quoique, selon la rigueur des rapports, ce Dièse & ce Bémol dussent former un Intervalle entr’eux, (Voyez ÉCHELLE & QUART-DE-TON) cet Intervalle se trouvé nul, au moyen du Tempérament, qui dans le Systême établi fait servir le même Son à deux usages : ce qui n’empêche pas qu’un tel passage ne produise, par la forcé de la Modulation & de l’Harmonie, une partie de l’effet qu’ on cherche dans les Transitions Enharmoniques.

Comme ce Genre est assez peu connu, & que nos Auteurs se sont contentés d’en donner quelques notions trop succinctes, je crois devoir l’expliquer ici un peu plus au long.

Il faut remarquer d’abord que l’Accord de Septieme diminuée est le seul sur lequel on puisse pratiquer des passages vraiment Enharmoniques ; & cela en vertu de cette propriété singuliere qu’il a de diviser l’Octave entiere en quatre Intervalles égaux. Qu’on prenne dans les quatre Sons qui composent cet Accord, celui qu’on voudra pour fondamental, on trouvera toujours également que les trois autres Sons forment sur celui-ci un Accord de Septieme diminuée. Or le Son fondamental de l’Accord de Septieme diminuée est toujours une Note sensible ; de sorte que, sans rien changer à cet Accord, on peut, par une manier de double ou de quadruple emploi, le faire servir successivement sur quatre différentes fondamentales ; c’est-à-dire, sur quatre différentes Notes sensibles.