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particulieres que la combinaison des Notes & des Lignes ajoute à l’impression de la Musique : car si l’on imprime premièrement les Portées & ensuite les Notes, il est impossible de donner à leurs positions relatives, la justesse nécessaire ; & si le caractere de chaque Note tient à une portion de la Portée, comme dans notre Musique imprimée, les lignes s’ajustent si mal entr’elles, il faut une si prodigieuse quantité de caracteres, & le tout fait un si vilain effet à l’œil, qu’on a quitté cette maniere avec raison pour lui substituer la gravure. Mais outre que la gravure elle-même n’est pas exempte d’inconvéniens, elle a toujours celui de multiplier trop ou trop peu les exemplaires ou les Parties ; de mettre en Partition ce que les uns voudroient Parties séparées, ou en Parties séparées ce que d’autres voudroient en Partition, & de n’offrir gueres aux curieux que de la Mutique déjà vieille qui court dans les mains de tout le monde. Enfin il est sur qu’en Italie, le pays de la tout où l’on fait le plus de Musique, on a proscrit depuis long-tems la Note imprimée sans que l’usage de la gravure ait pu s’y établir ; d’où je concluds qu’au jugement des Experts celui de la simple Copie est le plus commode.

Il est plus important que la Musique soit nettement & correctement copiée que la simple écriture ; parce que celui qui lit & médite dans son cabinet, apperçoit, corrige aisément les fautes qui sont dans son livré, & que rien ne l’empêche de suspendre sa lecture ou de la recommencer : mais dans un Concert où chacun ne voit que sa Partie, & ou la rapidité & la continuité de l’exécution ne laissent le