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Pour rendre plus claire l’application de ce principe, M. Esteve a dressé deux Tables, l’une des Consonnances & l’autre des Dissonances qui sont dans l’ordre de la Gamme ; & ces Tables sont tellement disposées, qu’on voit dans chacune le concours ou l’opposition des Harmoniques des deux Sons qui forment chaque Intervalle.

Par la Table des Consonnances on voit que l’Accord de l’Octave conserve presque tous ses Harmoniques, & c’est la raison de l’identité qu’on suppose, dans la pratique de Harmonie, entre les deux Sons de l’Octave ; on voit que l’Accord de la Quinte ne conserve que trois Harmoniques, que la Quarte n’en conserve que deux, qu’enfin les Consonnances imparfaites n’en conservent qu’un, excepté la Sixte majeure, qui en porte deux.

Par la Table des Dissonances on voit qu’elles ne se conservent aucun Harmonique, excepté la seule Septieme mineur qui conserve son quatrieme Harmonique ; savoir, la Tierce majeure de la troisieme Octave du Son aigu.

De ces observations, l’Auteur conclud que, plus entre deux Sons il y aura d’Harmoniques concourans, plus l’Accord en sera agréable, & voilà les Consonnances parfaites. Plus il y aura d’Harmoniques détruits, moins l’ame sera satisfaite de ces Accords ; voilà les Consonnances imparfaites. Que s’il arrive enfin qu’aucun Harmonique ne soit conserve, les Sons seront privés de leur douceur & de leur mélodie ; ils seront aigres & comme décharnés, l’ame s’y refusera, & au lieu de l’adoucissement qu’elle éprouvoit dans les Consonnances, ne trouvant par-tout qu’une rudesse soutenue, elle