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devroit offrir à l’oreille qu’une cacophonie d’autant plus horrible que ces Instrumens seroient accordés avec plus de soin puisqu’excepté l’Octave il ne s’y trouvé aucune Consonnance dans son rapport exact.

Dira-t-on qu’un rapport approché est supposé tout-a-fait exact, qu’il est reçu pour tel par l’oreille, & qu’elle supplée par instinct ce qui manque à la justesse de l’Accord ? Je demande alors pourquoi cette inégalité de jugement & d’appréciation, par laquelle elle admet des rapports plus ou moins rapprochés & en rejetter d’autres selon la diverse nature des Consonnances ? Dans l’Unisson, par exemple, l’oreille ne supplée rien ; il est juste ou faux, point de milieu. De encore dans l’Octave, si l’Intervalle n’est exact, l’oreille est choquée ; elle n’admet point d’approximation. Pourquoi en admet-elle plus dans la Quinte, & moins dans la Tierce majeure ? Une explication vague, sans preuve, & contraire au principe qu’on veut établir, ne rend point raison de ces différences.

Le Philosophe qui nous adonné des principes d’Acoustique, lassant à part tous ces concours de vibrations, renouvellant sur ce point le systême de Descartes, rend raison du plaisir que les Consonnances sont à l’oreille, par la simplicité des rapports qui sont entre les Sons qui le forment. Selon cet Auteur, & selon Descartes, le plaisir diminue à mesure que ces rapports deviennent plus composes, & quant l’esprit ne les saisit plus, ce sont de véritables Dissonances ; ainsi c’est une opération de l’esprit qu’ils prennent pour le principe du sentiment de l’Harmonie. D’ailleurs,