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cet Accord se communique à les Parties ; que chacune d’elles y participe, & que tout autre Intervalle qui ne fait pas partie de cet Accord n’y participe pas. Or, la Nature qui a doué les objets de chaque sens de qualités propres à le flatter, à voulu qu’un Son quelconque fût toujours accompagné d’autres Sons agréables, comme elle a voulu qu’un rayon de lumiere fut toujours formé des plus belles couleurs. Que si l’on presse la question, & qu’on demande encore d’où naît le plaisir que cause l’Accord parfait à l’oreille, tandis qu’elle est choquée du concours de tout autre Son, que pourroit-on répondre à cela, sinon de demander à son tour pourquoi le verd plutôt que le gris réjouit la vue, & pourquoi le parfum de la rose enchante, tandis que l’odeur du pavot déplaît ?

Ce n’est pas que les Physiciens n’aient expliqué tout cela ; & que n’expliquent-ils point ? Mais que toutes ces explications sont conjecturales, & qu’on leur trouvé peu de solidité quand on les examine de près ! Le Lecteur en jugera par l’exposé des principales, que je vais tâcher de faire en peu de mots.

Ils disent donc que, la sensation du Son étant produite parles vibrations du corps sonore propagées jusqu’au tympan par celles que l’air reçoit de ce même corps, lorsque deux Sons se sont entendre ensemble, l’oreille est affectée à la fois de leurs diverses vibrations. Si ces vibrations sont isochrones, c’est-à-dire, qu’elles s’accordent à commencer & finir en même tems, ce concours forme l’Unisson, & l’oreille, qui saisit l’Accord de ces retours égaux & bien