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elle en change presque à chaque Note, & qui pis est, nulle Partie ne se trouvé à la fois dans le même Ton qu’une autre, ce qui fait que ces sortes de Canons, d’ailleurs peu faciles à suivre, ne sont jamais un effet agréable, quelque bonne qu’en soit l’Harmonie, & quelque bien chantés qu’ils soient.

Il y a une troisieme sorte de Canons très-rares, tant à cause de l’excessive difficulté, que parce qu’ordinairement dénués d’agrémens, ils n’ont d’autre mérite que d’avoir coûté beaucoup de peine à faire. C’est ce qu’on pourroit appeller double Canon renversé, tant par l’inversion qu’on y met, dans le Chant des Parties, que par celle qui se trouvé entre les Parties mêmes, en les chantant. Il y a un tel artifice dans cette espece de Canons, que, soit qu’on chante les Parties dans l’ordre naturel, soit qu’on renverse le papier pour les chanter dans un ordre rétrograde, en sorte que l’on commence par la fin, & que la Basse devienne le Dessus, on a toujours une bonne Harmonie & un Canon régulier. (Voyez Pl. D. Fig. 11.) deux exemples de cette espece de Canons tirés de Bontempi, lequel donne aussi des regles pour les composer. Mais on trouvera le vrai principe de ces regles au mot SYSTêME, dans l’exposition de celui de M. Tartini.

Pour faire un Canon dont l’Harmonie soit un peu variée, il faut que les Parties ne se suivent pas trop promptement, que l’une n’entre que long-tems après l’autre. Quand elles se suivent si rapidement, comme à la Pause ou demi-Pause, on n’a pas le tems d’y faire passer plusieurs Accords, & le