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ces hommes qui savent tant de choses, savoient jamais celle-là.

Je remarque que M. Gautier, qui me traite par-tout avec la plus grande politesse, n’épargne aucune occasion de me susciter des ennemis ; il étend ses soins à cet égard depuis les Régens de College jusqu’a la souveraine puissance. M.. Gautier fait fort bien de justifier les usages du monde ; on voit qu’ils ne lui sont point etrangers. Mais revenons à la réfutation.

Toutes ces manieres d’écrire & de raisonner, qui ne vont point à un homme d’autant d’esprit que M. Gautier me paroit en avoir m’ont fait faire une conjecture que vous trouverez hardie, & que je crois raisonnable. Il m’accuse, très-surement sans en rien croire, de n’être point persuade du sentiment que je soutiens. Moi, je le soupçonne, avec plus de fondement d’être en secret de mon avis. Les places qu’il occupe, les circonstances ou il se trouve l’auront mis dans une espece de nécessité de prendre parti contre moi. La bienséance de notre siecle est bonne à bien des choses ; il m’aura donc réfute pa bienséance ; mais il aura pris toutes fortes de précautions, & employé tout l’art possible pour le faire de maniere à ne persuader personne.

C’est dans cette vue qu’il commence par déclarer très-mal-à-propos que la cause qu’il défend intéresse le bonheur de l’assemble devant laquelle il parle, & la gloire du grand Prince sous les loix duquel il a la douceur ale vivre. C’est précieusement comme s’il disoit ; vous ne pouvez, Messieurs, sans ingratitude envers votre respectable Protecteur, vous dispenser de me donner raison ; & de plus y c’est votre propre cause que je plaide aujourd’hui devant vous ; ainsi de quelque cote que vous envisagiez