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tendre. Vous m’avez bien rendu raiſon de la gibboſité de deux folioles du calice & de la briéveté relative de deux étamines, dans la Giroflée, par la courbure de ces deux étamines. Cependant un pas de plus vous eût mené juſqu’a la cauſe premiere de cette ſtructure : car ſi vous recherchez encore pourquoi ces deux étamines ſont ainſi recourbées & par conſéquent raccourcies, vous trouverez une petite glande implantée ſur le réceptacle entre l’étamine & le germe, c’eſt cette glande qui, éloignant l’étamine & la forçant à prendre le contour, la raccourcit néceſſairement. Il y a encore ſur le même réceptacle deux autres glandes, une au pied de chaque paire des grandes étamines ; mais ne leur faiſant point faire de contour, elles ne les raccourciſſent pas, parce que ces glandes ne ſont pas, comme les deux premieres, en dedans ; c’eſt-à-dire, entre l’étamine & le germe ; mais en dehors c’eſt-à-dire entre la paire d’étamines & le calice. Ainſi ces quatre étamines ſoutenues & dirigées verticalement en droite ligne, débordent celles qui ſont recourbées & ſemblent plus longues parce qu’elles ſont plus droites. Ces quatre glandes ſe trouvent, ou du moins leurs veſtiges, plus ou moins viſiblement dans preſque toutes les fleurs cruciferes, & dans quelques-unes bien plus diſtinctes que dans la Giroflée. Si vous demandez encore pourquoi ces glandes ? Je vous répondrai qu’elles ſont un des inſtrumens deſtinés par la nature à unir le regne végétal au regne animal, & les faire circuler l’un dans l’autre : mais laiſſant ces recherches un peu trop anticipées, revenons quant-à-préſent à nos familles.

Les fleurs que je vous ai décrites juſqu’a préſent ſont toutes