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d’étamines, n’eſt pas un ſimple pétale, mais une véritable Fleur.

On me préſente une Fleur de Nymphéa jaune, & l’on me demande ſi c’eſt une compoſée ou une Fleur double ? Je réponds que ce n’eſt ni l’un ni l’autre. Ce n’eſt pas une compoſée, puisque les folioles qui l’entourent ne ſont pas des demi-fleurons ; & ce n’est pas une Fleur double, parce que la duplication n’eſt l’état naturel d’aucune Fleur, & que l’état naturel de la Fleur de Nymphéa jaune eſt d’avoir pluſieurs enceintes de pétales autour de ſon embrion. Ainsi cette multiplicité n’empêche pas le Nymphéa jaune d’être une Fleur ſimple.

La conſtitution commune au plus grand nombre des Fleurs, eſt d’être hermaphrodites ; & cette conſtitution paroît en effet la plus convenable au regne végétal, ou les individus dépourvus de tout mouvement progreſſif & ſpontané ne peuvent s’aller chercher l’un l’autre quand les ſexes ſont ſéparés. Dans les arbres & les plantes ou ils le ſont, la nature, qui fait varier ſes moyens, à pourvu à cet obſtacle : mais il n’en eſt pas moins vrai généralement que des êtres immobiles doivent, pour perpétuer leur eſpece, avoir en eux-mêmes tous les inſtrumens propres à cette fin.

FLEUR MUTILÉE. Eſt celle qui, pour l’ordinaire par défaut de chaleur, perd ou ne produit point la corolle qu’elle devroit naturellement avoir. Quoique cette mutilation ne doive point faire eſpece, les plantes ou elle a lieu ſe diſtinguent néanmoins dans la nomenclature de celles de même eſpece qui ſont completes, comme on peut le voir dans pluſieurs eſpeces de Quamoclit, de Cucuballes, de Tuſſilages, de Campanules, &c.