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quelques jours ; vive Néron Othon. Acclamations qu’il feignit d’ignorer, n’oſant les défendre, & rougiſſant de les permettre.

Cependant uniquement occupés de leurs guerres civiles les Romains abandonnoient les affaires de dehors. Cette négligence inspira tant d’audace aux Roxolans, peuple Sarmate, que dès l’hiver précédent après avoir défait deux cohortes, ils firent avec beaucoup de confiance une irruption dans la Mœſie au nombre de neuf mille chevaux. Le ſuccès joint à leur avidité leur faiſant plutôt ſonger à piller qu’à combattre, la troiſieme Légion jointe aux auxiliaires les ſurprit épars & ſans diſcipline. Attaqués par les Romains en bataille, les Sarmates diſperſés au pillage ou déjà chargés de butin, & ne pouvant dans des chemins gliſſans s’aider de la vîteſſe de leurs chevaux, ſe laiſſoient tuer ſans réſiſtance. Tel eſt le caractere de ces étranges peuples que leur valeur ſemble n’être pas en eux. S’ils donnent en eſcadrons à peine une armée peut-elle ſoutenir leur choc ; s’ils combattent à pied, c’eſt la lâcheté même. Le dégel & l’humidité qui faiſoient alors liſter & tomber leurs chevaux, leur ôtoient l’uſage de leurs piques & de leurs longues épées à deux mains. Le poids des cataphractes, ſorte d’armure faite de lames fer ou d’un cuir très-dur qui rend les chefs & les officiers impénétrables aux coups, les empêchoient de se relever quand le choc des ennemis les avoit renverſés, & ils étoient étouffés dans la neige qui étoit molle & haute. Les ſoldats romains, couverts d’une cuiraſſe légere, les ren-