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Les Lanciers de la garde ayant diſparu, le reſte de la cohorte, ſans paroître mépriſer le diſcours de Piſon, ſe mit en devoir de préparer ſes Enſeignes plutôt par hazard, &, comme il arrive en ces momens de trouble, ſans trop savoir ce qu’on faisoit, que par une feinte insidieuſe comme on l’a cru dans la ſuite. Celſus fut envoyé au détachement de l’armée d’Illyrie vers le Portique de Vipſanius. On ordonna aux Primipilaires Serenus & Sabines d’amener les ſoldats Germains du Temple de la liberté. On ſe défioit de la Légion marine, aigrie par le meurtre de ses soldats que Galba avoit fait tuer à son arrivée. Les Tribuns Cerius, Subrinus & Longinus allerent au Camp Prétorien pour tâcher d’étouffer la ſédition naiſſante avant qu’elle eût éclaté. Les ſoldats menacerent les deux premiers ; mais Longin fut maltraité & déſarmé, parce qu’il n’avoit pas passé par les grades militaires, & qu’étant dans la confiance de Galba, il en étoit plus suspect aux rebelles. La Légion de mer ne balança pas à ſe joindre aux Prétoriens. Ceux du détachement d’Illyrie présentant à Celſus la pointe des armes ne voulurent point l’écouter. Mais les troupes d’Allemagne héſiterent long-tems, n’ayant pas encore recouvré leurs forces & ayant perdu toute mauvaiſe volonté, depuis que revenues malades de la longue navigation d’Alexandrie où Neron les avoit envoyées, Galba n’épargnoit ni ſoin ni dépenſe pour les rétablir. La foule du Peuple & des eſclaves qui durant ce tems rempliſſoient le Palais, demandoit à cris perçans la mort d’Othon & l’exil des conjurés, comme ils auroient demandé quelque ſcene dans les jeux publics ; non que le jugement ou le zele excitât des clameurs qui chan-