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c’est qu’il est vrai que la Comédie ne nous sera point de mal, si plus rien ne nous en peut faire.

Pour prévenir les inconvéniens qui peuvent naître de l’exemple des Comédiens, vous voudriez qu’on les forçat d’être honnêtes gens. Par ce moyen, dites-vous, on auroit à la fois des Spectacles & des mœurs, & l’on reuniroit les avantages des uns & des autres. Des Spectacles & des mœurs ! Voilà qui formeroit vraiment un Spectacle à voir, d’autant plus que ce seroit la premiere fois. Mais quels sont les moyens que vous nous indiquez pour contenir les Comédiens ? Des loix sévères & bien exécutées. C’est au moins avouer qu’ils ont besoin d’être contenus, & que les moyens n’en sont pas faciles. Des loix sévères ! La premiere est de n’en point souffrir. Si nous enfreignons celle-là, que deviendra la sévérité des autres ? Des loix bien exécutées ! Il s’agit de savoir si cela se peut : car la force des loix à sa mesure, celle des vices qu’elles répriment à aussi la sienne. Ce n’est qu’après avoir compare ces deux quantités & trouve que la premiere surpasse l’autre, qu’on peut s’assurer de l’exécution des loix. La connoissance de ces rapports fait la véritable science du Législateur : car, s’il ne s’agissoit que de publier édits sur édits, réglemens sur réglemens, pour remédier aux abus, à mesure qu’ils naissent, on diroit, sans doute, de fort belles choses ; mais qui, pour la plupart, resteroient sans effet, & serviroient d’indications de ce qu’il faudroit faire, plutôt que de moyens pour l’exécuter. Dans, le fond, l’institution des loix n’est pas une chose si merveilleuse, qu’avec du sens & de l’équité, tout homme ne put très-bien trouver de lui-même celles qui, bien observées,