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la puissance exécutive de rien exécuter contre les Loix.

Suivons les aveux de l’Auteur sur les propositions qu’il présente ; avec trois mots ajoutés, il aura posé le mieux du monde votre état présent.

Comme il n’y auroit point de liberté dans un Etat où le Corps chargé de l’exécution des Loix auroit droit de les faire parler à sa fantaisie ; puisqu’il pourroit faire exécuter comme des Loix ses volontés les plus tyranniques.

Voilà, je pense, un tableau d’après nature ; vous allez voir en tableau de fantaisie mis en opposition.

Il n’y auroit point aussi de Gouvernement dans un Etat où le Peuple exerceroit sans règle la puissance législative. D’accord ; mais qui est-ce qui a proposé que le peuple exerçât sans règle la puissance législative ?

Après avoir ainsi posé un autre droit négatif que celui dont il s’agit, l’Auteur s’inquiète beaucoup pour savoir où l’on doit placer ce droit négatif dont il ne s’agit point, & il établit là-dessus un principe qu’assurément je ne contesterai pas. C’est que, si cette force négative peut sans inconvénient résider dans le Gouvernement, il sera de la nature & du bien de la chose qu’on l’y place. Puis viennent les exemples, que je ne m’attacherai pas à suivre, parce qu’ils sont trop éloignés de nous & de tout point étrangers à la question.

Celui seul de l’Angleterre qui est sous nos yeux, & qu’il cite avec raison comme un modèle de la juste balance des pouvoirs respectifs, mérite un moment d’examen, & je ne me permets ici qu’après lui la comparaison du petit au grand.