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quoi que vos Magistrats entreprennent, vous puissiez en vous y opposant, éviter à la fois ces deux reproches. Mais à choix, préférez le premier. Chaque fois que le Conseil altère quelque usage, il a son but que personne ne voit, & qu’il se garde bien de montrer. Dans le doute, arrêtez toujours toute nouveauté, petite ou grande. Si les Syndics étoient dans l’usage d’entrer au Conseil du pied droit, & qu’ils y voulussent entrer du pied gauche, je dis qu’il faudroit les en empêcher.

Nous avons ici la preuve bien sensible de la facilité de conclure le pour & le contre par la méthode que suit notre Auteur. Car appliquez au droit de Représentation des Citoyens, ce qu’il applique au droit négatif des Conseils, & vous trouverez que sa proposition générale convient encore mieux à votre application qu’à la sienne. Le droit de Représentation, direz-vous, n’étant pas le droit de faire des Loix, mais d’empêcher que la puissance qui doit les administrer ne les transgresse, & ne donnant pas le pouvoir d’innover, mais de s’opposer aux nouveautés, va directement au grand but que se propose une société politique ; celui de se conserver en conservant sa constitution. N’est-ce pas exactement-là ce que les Représentans avoient à dire, & ne semble-t-il pas que l’Auteur ait raisonné pour eux ? Il ne faut point que les mots nous donnent le change sur les idées. Le prétendu droit négatif du Conseil est réellement un droit positif, & le plus positif même que l’on puisse imaginer, puisqu’il rend le petit Conseil seul maître direct & absolu de l’Etat & de toutes les Loix ; & le droit de Représentation pris dans son vrai sens n’est lui-même qu’un droit négatif. Il consiste uniquement à empêcher