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& celui de votre Bourgeoisie. On allègue les tems de peste, de famine & de guerre, comme si la famine ou la guerre étoient un obstacle à la tenue d’un Conseil ; & quant à la peste, vous m’avouerez que c’est prendre ses précautions de loin. On s’effraye de l’ennemi, des mal-intentionnés, des cabales ; jamais on ne vit des gens si timides : l’expérience du passé devoit les rassurer. Les fréquens Conseils généraux ont été, dans les tems les plus orageux, le salut de la République, comme il sera montré ci-après, & jamais on n’y a pris que des résolutions sages & courageuses. On soutient ces assemblées contraires à la Constitution, dont elles sont le plus ferme appui ; on les dit contraires aux Edits, & elles sont établies par les Edits ; on les accuse de nouveauté, & elles sont aussi anciennes que la Législation. Il n’y a pas une ligne dans ce préambule, qui ne soit une fausseté ou une extravagance ; & c’est sur ce bel exposé que la révocation passe, sans programme antérieur qui ait instruit les membres de l’assemblée de la proposition qu’on leur vouloit faire, sans leur donner le loisir d’en délibérer entre eux, même d’y penser, & dans un tems où la Bourgeoisie mal instruite de l’histoire de son Gouvernement s’en laissoit aisément imposer par le Magistrat !

Mais un moyen de nullité plus grave encore, est la violation de l’Edit dans sa partie à cet égard la plus importante, savoir la manière de déchiffrer les billets ou de compter les voix. Car dans l’article 4 de l’Edit de 1707, il est dit qu’on établira quatre Secrétaires ad actum pour recueillir les suffrages, deux des Deux-Cents & deux du Peuple, lesquels seront