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ecclésiastique, & que Nicolas fut, pour ainsi dire, brûlé par la main des Ministres.

Tel fut, Monsieur, l’ordre de la procédure, dans laquelle l’Auteur des Lettres nous assure qu’Antoine ne fut pas cité an Consistoire : d’où il conclut que cette citation n’est donc pas toujours nécessaire. L’exemple vous paroît-il bien choisi ?

Supposons qu’il le soit, que s’en suivra-t-il ? Les Représentans concluoient d’un fait en confirmation d’une Loi. l’Auteur des Lettres conclut d’un fait contre cette même Loi. Si l’autorité de chacun de ces deux faits détruit celle de l’autre, reste la Loi dans son entier. Cette Loi, quoique une fois enfreinte, en est-elle moins expresse, & suffiroit-il de l’avoir violée une fois pour avoir droit de la violer toujours ?

Concluons à notre tour. Si j’ai dogmatisé, je suis certainement dans le cas de la Loi ; si je n’ai pas dogmatisé, qu’a-t-on à me dire ? aucune Loi n’a parlé de moi. *

[*Rien de ce qui ne blesse aucune Loi naturelle ne devient criminel, que lorsqu’il est défendu par quelque Loi positive. Cette remarque a pour but de faire sentir aux raisonneurs superficiels que mon dilemme est exact. ] Donc on a transgressé la Loi qui existe, ou supposé celle qui n’existe pas.

Il est vrai qu’en jugeant l’Ouvrage on n’a pas jugé définitivement l’Auteur. On n’a fait encore que le décréter, & l’on compte cela pour rien. Cela me paroît dur cependant ; mais ne soyons jamais injustes, même envers ceux qui le