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à ce qu’il fût mis en chambre clause ; ce qui fut exécuté. "*

[* Hist. de Geneve, in-12. T. 2. page 550 & suiv. a la note. ]

Vous voyez là d’abord pourquoi il ne fut pas cité an Consistoire ; c’est qu’étant grievement malade, & entre les moins des Médecins, il lui étoit impossible d’y comparoître. Mais s’il n’alloit pas an Consistoire, le Consistoire ou ses Membres alloient vers lui. Les Ministres le voyoient tous les jours, l’exhortoient tous les jours. Enfin, n’ayant pu rien gagner sur lui, ils le dénoncent au Conseil, le représentent pire que d’autres qu’on avoit punis de mort, requierent qu’il soit mis en prison ; & sur leur réquisition cela est exécuté.

En prison même les Ministres firent de leur mieux pour le ramener, entrerent avec lui dans la discussion des divers passages de l’ancien Testament, & le conjurerent, par tout ce qu’ils purent imaginer de plus touchant, de renoncer à ses erreurs : *

[* S’il y dit renoncé, eût-il également été brûlé ? Selon la maxime de l’Auteur des Lettres, il auroit dû l’être. Cependant il paroît qu’il ne l’auroit pas été ; puisque, malgré son obstination, le Magistrat ne laissa pas de consulter les Ministres. Il le regardoit, en quelque sorte, comme étant encore sous leur juridiction. ] mais il y demeura ferme. Il le fut aussi devant le Magistrat, qui lui fit subir les interrogatoires ordinaires. Lorsqu’il fut question de juger cette affaire, le Magistrat consulta encore les Ministres, qui comparurent en Conseil au nombre de quinze, tant Pasteurs que Professeurs. Leurs opinions furent partagées ; mais l’avis du plus grand nombre fut suivi, & Nicolas exécuté. De sorte que le proces fut tout