Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t6.djvu/257

Cette page n’a pas encore été corrigée

sous l’autorité commune du Législateur, si l’une peut empiéter à son gré sur celle de l’autre ? S’il n’y a pas-là de la contradiction, je n’en saurois voir nulle part.

À l’article 88, qui prescrit expressément l’ordre de procédure qu’on doit observer contre ceux qui dogmatisent, j’en joins un autre, qui n’est pas moins important : c’est l’Article 53, au titre du Catéchisme, où il est ordonné que ceux qui contreviendront au bon ordre, après avoir été remontrés suffisamment, s’ils persistent, soient appellés au Consistoire ; & si lors ils ne veillent obtempérer aux remontrances qui leur seront faites, qu’il en soit fait rapport à la Seigneurie.

De quel bon ordre est-il parlé-là ? Le Titre le dit ; c’est du bon ordre en matiere de doctrine, puisqu’il ne s’agit que du Catéchisme, qui en est le sommaire. D’ailleurs le maintien du bon ordre en général paroît bien plus appartenir au Magistrat qu’au Tribunal ecclésiastique. Cependant, voyez quelle gradation ! Premierement il faut remontrer ; si le coupable persiste, il faut l’appeler au Consistoire ; enfin, s’il ne veut obtempérer, il faut faire rapport à la Seigneurie. En toute matiere de Foi, le dernier ressort est toujours attribué aux Conseils ; telle est la Loi, telles sont toutes vos Loix. J’attends de voir quelque article, quelque passage dans vos Edits, en vertu duquel le petit Conseil s’attribue aussi le premier ressort, & puisse faire tout-d’un-coup d’un pareil délit le sujet d’une procédure criminelle.

Cette marche n’est pas seulement contraire à la Loi, elle est contraire à l’équité, ait bon sens, à l’usage universel. Dans tous les pays du monde, la regle veut qu’en ce qui concerne