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douceur, & de l’honnêteté, quand j’espere qu’elles peuvent suffire ; mais, si j’en veux bien user avec vous, ne croyez pas que j’ignore comment se venge l’honneur d’un gentilhomme offensé par un homme qui ne l’est pas.

LETTRE XI. REPONSE.

Epargnez-vous, Monsieur, des menaces vaines qui ne m’effroient point, & d’injustes reproches qui ne peuvent m’humilier. Sachez qu’entre deux personnes de même âge il n’y a d’autre suborneur que l’amour, & qu’il ne vous appartiendra jamais d’avilir un homme que votre fille honora de son estime.

Quel sacrifice osez-vous m’imposer, & à quel titre l’exigez-vous ? Est-ce à l’auteur de tous mes maux qu’il faut immoler mon dernier espoir ? Je veux respecter le pere de Julie ; mais qu’il daigne être le mien s’il faut que j’apprenne à lui obéir. Non, non, Monsieur, quelque opinion que vous ayez de vos procédés, ils ne m’obligent point à renoncer pour vous à des droits si chers, & si bien mérités de mon cœur. Vous faites le malheur de ma vie. Je ne vous dois que la haine, & vous n’avez rien à prétendre de moi. Julie a parlé ; voilà mon consentement. Ah qu’elle soit toujours obéie ! Un autre la possédera : mais j’en serai plus digne d’elle.

Si votre fille eût daigné me consulter sur les bornes de