Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t15.djvu/623

Cette page n’a pas encore été corrigée

OBSERVATIONS succinctes sur une anecdote rapportée dans la VII. Rêverie du Promeneur Solitaire.

Monsieur Bovier avocat au Parlement me fait demander, s’il y a aux environs de Grenoble, un saule épineux, ou un arbrisseau sauvage, dont le fruit acide soit un poison ? Je réponds au premier article, que les Botanistes ne connoissent aucun saule épineux en Europe, que parmi les vingt-deux especes de ce genre que nous avons observées en Dauphiné, aucune n’a d’épines, ni même des extrémités de ramaux qu’on puisse regarder comme telles. Quant au second article : il y a aux environs de Grenoble, un arbrisseau appellé par les Botanistes, Hippophaë ou Rhamnoides *

[* Hippophaë (Adans. famill. Il. p. 80). Rhamnoïdes Linn. Hist. nat. 651. Dict. de méd. Tom. IV. pag. ; 317 *. Rhamnoïdes salicis folio. Tournef. J. R. Herb. T. 481. Rhamnus salicis folio angusto, fructu flavescente C. Bauh. Pin. 477. Rhamnus vel oleaster Germanicus. J. Bauh. I. part. 2. ;33.*. Rhamnus alterum genus Caesalp. de Plant. pag. 75-*. Oleasto Germanico Cordi S. Rhamno 1̊. del Dioscoride Ponae Ital 74.] qu’on nomme vulgairement argousse,*

[* Rhamne 1. de Mathiole qu’on appelle argousse aux environs de Grenoble & avec lequel on peut faire des sauces au lieu de verjus, &c. Dalech. Hist. Gen. éd. Fr. I. 116. *.] qui porte des feuilles oblongues, fermes, blanchâtres, assez ressemblantes à celles du petit saule ou osier blanc. Ces deux arbrisseaux bordent tous les torrens & rivieres : ils croissent pêle-mêle & s’élevent depuis trois jusqu’a six pieds pour l’ordinaire. Le dernier se nomme en botanique Salix helix ou Salix purpurea.*

[*Linnaei Hist. nat. 648. Nous croyons avec le célebre Haller, que ces deux especes n’en sont qu’une.]