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son bail à vie des Délices, dont il avoit conservé la jouissance ; qu’il est plus notoire encore, s’il est possible, que ce furent ses écrits religieux, & ses démarches politiques, qui lui valurent les désagrémens dont il se plaint, & qui le dégoûterent de son domicile aux Délices. Désagrémens dont l’effet fut puissamment renforcé par l’appât de recevoir trente-huit mille livres, contre l’abandon d’une jouissance qui n’étoit pour lui qu’un droit stérile, depuis l’acquisition de Ferney, & la préférence qu’il donnoit à cette nouvelle habitation.

5°. Si contre cette notoriété publique Voltaire, aussi judicieusement que légalement, invoque le témoignage de M. Tronchin, son ami actuel, autrefois celui de Rousseau, ne vous effrayez pas, Madame, M. Tronchin a trop d’esprit pour ne pas apprécier ce que peut valoir son témoignage dans le cas présent ; & vous trop d’humanité, pour le blâmer de ce que dans ses relations avec Voltaire, il a cru, comme médecin & comme ami, devoir pousser si loin les égards pour un malade dont le tempérament lui étoit parfaitement connu ; & qu’il eût été un barbare de ne pas ménager. Jugez-en vous-même, Madame. Rousseau ayant adressé à M. Tronchin sa belle lettre sur la Providence du 18 Août 1756, pour la remettre à Voltaire, ou pour la supprimer, comme il le jugeroit à propos, voici ce que lui répondit M. Tronchin. Cette lettre, comme bien d’autres, se trouve entre mes mains. Elle est du 1er. Septembre 1756.

“J’ai reçu, mon respectable ami, vos lettres avec l’empressement qui précede & qui suit. tout ce qui vient de vous, & avec le plaisir qui accompagne ce qui est bien. Je voudrois