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Voilà pourquoi, Monsieur, il prit le parti des Ministres, au sujet de la comédie, contre M. d’Alembert, quoiqu’ensuite il ait pris le parti de M. d’Alembert contre les Ministres, & qu’il ait fini par outrager également les uns & les autres.

Voilà pourquoi il voulut d’abord m’engager dans une petite guerre au sujet des spectacles. Voilà pourquoi en donnant une comédie & un opéra à Paris, il m’écrivit que je corrompois sa République en faisant représenter des tragédies dans mes maisons, par la niece du grand Corneille, que plusieurs Genevois avoient l’honneur de seconder.

Il ne s’en tint pas là, il suscita plusieurs citoyens ennemis de la Magistrature, il les engagea à rendre le Conseil de Geneve odieux, & à lui faire des reproches de ce qu’ils souffroient malgré la loi, un catholique domicilié sur leur territoire, tandis que tout Genevois peut acheter en France des terres seigneuriales, & même y posséder des emplois de finance.*

[*Je ne conçois pas comment M. Du Peyrou a pu tenir aux mauvais raisonnemens dont cette lettre fourmille. Mais puisqu’il n’en a rien dit, il faut bien que je m’en taise. Note de la pauvre-imbécille.] Ainsi cet homme qui prêchoit à Paris la liberté de conscience, & qui avoit tant besoin de tolérance pour lui, vouloit établir dans Genève, l’intolérance la plus révoltante, & en même tems la plus ridicule.

M. Tronchin entendit lui-même un citoyen, qui est depuis long-tems le principal boute-feu de la République,

dire qu’il falloit absolument exécuter ce que Rousseau vouloit, & me faire sortir de ma maison des Délices qui est