Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t15.djvu/587

Cette page n’a pas encore été corrigée

Eh bien ! Madame, qu’avez-vous à répondre à un homme qui se présente armé de preuves aussi fortes que celle qui suit ?

J’affirme que ce manuscrit est entiérement de sa main & signé par lui. J’offre de le faire voir à quiconque en douteroit, même à l’aimable anonyme. Je serois enchanté que cela pût me procurer la douce satisfaction d’être visité par elle.

Le pauvre M. D. L. B. ! il ne sait ce qu’il desire. Ou plutôt, il ne feint, Madame, de desirer votre visite, que parce qu’en dépit de la nature, l’usage du monde lui a appris qu’une anonyme de votre espece, ne se montre pas sans conséquence. Mais quand, voulant bien être connue, vous vous détermineriez à aller visiter M. D. L. B. ce qui, comme méchanceté à pure perte, seroit indigne de vous, je pourrois vous en épargner la peine. Car sans avoir jamais vu ni daigné faire voir ce manuscrit, je vais vous dire ce que c’est ; & vous mettre à portée d’apprécier la valeur de la dénomination de manuscrit que M. D. L. B. lui donne, & celle de sa prétendue réponse à votre premier défi ;*

[*On vient de voir que tout cela étoit apprécié d’avance. Note de la bonne-vieille.] & je défie à mon tour M. D. L. B. de produire une autre Vie de Jean-Jaques, que celle dont l’histoire.

Dans sa plus tendre jeunesse, Rousseau se trouvant à Soleure avec un quidam, qui, se disant Archimandrite de Jérusalem, faisoit sa quête en Suisse, & auquel Jean-Jaques s’étant attaché servoit d’interprète, les deux voyageurs se présenterent à l’hôtel de M. le Marquis de Bonac, alors Ambassadeur en Suisse. L’Archimandrite fut interrogé, démasqué, & congédié. L’interpréte