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pour qu’ils forçassent Voltaire à quitter sa maison des délices ; ce qu’il poursuivit avec tant d’instances, qu’il réussit enfin à lui causer ce chagrin, quoique ce grand homme touché de son indigence, lui eût offert généreusement de demeurer avec lui, ou de lui donner en pur don, une maison charmante sur les bords du Lac de Genève ; & alors Voltaire ne s’étoit pas encore permis une seule plaisanterie sur les étranges idées que l’on trouve souvent dans les ouvrages de Rousseau.

Monsieur, cette accusation est trop grave pour y répondre en plaisantant ; ou plutôt, trop vague pour y répondre. Tous les honnêtes gens vous somment par ma voix de produire vos preuves : je m’engage à les discuter, à les vérifier, à les détruire. En les attendant je soutiens que vous n’en avez point ; que vous n’en pouvez point avoir ; & qu’en prenant sur vous d’avancer cette infâme calomnie, vous vous assimilez au bouc émissaire, qui, chargé de toutes les iniquités du peuple le plus endurci, devoir porter toutes les malédictions qu’il avoit encourues.

Cette conduite ne prouve pas une liaison bien suivie dans les idées.

Oh ! pour ce reproche-là, Monsieur, on se gardera bien de vous le faire. Il n’y a personne qui ne convienne que vous êtes le plus conséquent des hommes : on en conviendra sur-tout, quand on verra la belle & juste comparaison que vous faites entre une Sonate & l’Algebre ; quand on observera que vous dites, tantôt.....mais quel détail allois-je entreprendre ! L’abondance des choses qui constatent la sureté de votre jugement, rendroit leur choix trop difficile ; d’ailleurs, ce seroit