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idiots ! Il est impossible de n’être pas frappé des ressemblances qui se trouvent entr’eux. Le premier s’avise, comme un sot, de se mêler de poésie & de musique, sans y rien entendre ; quoique la poésie fût presque sa langue naturelle, & qu’il eût appris la musique des deux plus habiles musiciens de son sais.*

[* Avant-propos de l’Essai sur la Musique, pag. xv. ] Le second est obligé, comme un ignorant, de mettre de l’esprit à la place des connoissances qui lui manquent en poésie & en musique, quoiqu’il ait étudié les Poëtes Grecs, Latins, Italiens, & François ; (la preuve en existe dans ses ouvrages) & qu’il ait fait de profondes recherches en musique. Fiez-vous donc à la célébrité !.....Mais que dirons-nous de ces imbécilles Athéniens, qui, tout en pensant que l’agrément d’une sensation est préférable à toutes les vérités de la morale,*

[*Même morceau, pag. viii.] admiroient stupidement leur Platon comme une merveille, lui qui étoit bon moraliste témoin la réforme qui vous engage, Monsieur, à lui faire son procès, mais qui étoit également mauvais musicien, & mauvais poète ?*

[*Même morceau, pag. xii.] Que dirons-nous des badauts de Paris, qui s’étouffent bêtement depuis vingt-sept ans aux représentations du Devin du Village, dont les paroles, la musique prouvent que leur Auteur n’étoit ni poëte, ni compositeur ? Nous ne parlerons pas d’eux ; ils n’en valent pas la peine nous dirons seulement que les méprises du Public de tous les pays, & de tous les siecles sont inconcevables ; qu’on a grand tort de briguer les suffrages de la multitude, qui nulle part, en aucun tems n’a le