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par une seule objection, de m’ôter à la fois le mérité de l’invention, & de mettre sur mon compte les vices des autres systêmes, qu’il est des gens capables d’adopter cette critique, uniquement à raison de sa commodité.”

(Ici, Monsieur, il semble que Rousseau vous ait eu personnellement en vue.)

“Quoiqu’un pareil reproche ne me fût pas tout-à-fait indifférent, j’y serois bien moins sensible qu’à ceux qui pourroient tomber directement sur mon systême. Il importe beaucoup plus de savoir s’il est avantageux, que d’en bien connoître l’auteur ; & quand on me refuseroit l’honneur de l’invention, je serois moins touché de cette injustice que du plaisir de le voir utile au Public. La seule grace que j’ai droit de lui demander, & que peu de gens m’accorderont, c’est de vouloir bien n’en juger qu’après avoir lu mon ouvrage, & ceux qu’on m’accuseroit d’avoir copiés.”*

[*Préface de la Dissertation, page 13.]

Cela suffiroit en effet à l’entiere justification de Rousseau ; & je me serois bornée à faire comme lui cette demande, si j’avois eu plus que lui, lieu d’espérer de l’obtenir. Au reste, Monsieur, afin qu’on ne m’accuse pas de donner comme de moi ce qui est d’un autre, je déclare à toutes les Nations (qui doivent s’arracher nos ouvrages), que pour écrire des choses sort différentes de celles que vous avez écrites, je me suis servie des mêmes lettres, des mêmes syllabes, des mêmes mots, de la même ponctuation, enfin, à l’orthographe près, des mêmes signes que vous. Cette précaution n’est point superflue ; car enfin, si vous ne les avez pas plus inventés que le