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Lettre de M. Muzell Stosch à M. d’Alembert, du 21 novembre 1778. Feu M. Rousseau écrivit un jour à mylord Maréchal, qu’il étoit content de son fort ; mais qu’il gémissoit sur celui de sa femme, qui, s’il venoit à mourir, seroit dans la misere ; qu’il seroit content si par son industrie, il pouvoit seulement lui acquérir une rente de 6oo liv. de France. Mylord Maréchal, dont le cœur étoit toujours ouvert à la bienfaisance, étant fort attaché à Rousseau, prit cette plainte pour une insinuation, & assura à Jean-Jaques, & à sa femme une rente de trente louis d’or. Rousseau n’y répondit pas avec gratitude : quelque tems après il fit une querelle au bon Extraits de cette lettre faits par M. d’Alembert, dans son Eloge de mylord Maréchal. Pages 49 & 50. Le philosophe Genevois lui écrivit un jour, qu’il étoit content de son sort : mais qu’il gémissoit sur les malheurs dont sa femme étoit menacée, en cas qu’elle vînt à le perdre : qu’il voudroit seulement lui procurer par son travail, 6oo liv. de rente. Mylord Maréchal se fit un plaisir de donner à cette lettre, le sens que lui suggéroient l’élévation, & la bonté de son ame ; il assura au mari, & à la femme la rente qui manquoit à leur bonheur. La vérité nous oblige de dire, (& ce n’est pas sans un regret bien sincere), que le bienfaiteur eut depuis fort à se plaindre de celui qu’il avoit si noblement & si promptement obligé. Mais la mort du coupable, & les justes raisons que nous avons eues de nous en plaindre nous-mêmes, nous obligent à tirer le rideau sur ce détail affligeant, dont les preuves sont malheureusement consignées dans des lettres authentiques. Ces preuves n’ont été connues que depuis la mort de mylord Maréchal ; car il gardoit toujours le silence sur les torts qu’on avoit avec lui ; & son cœur indulgent ne lui permit jamais la médisance, ni même la plainte. Page 87. Il est triste qu’après tant de marques d’estime & d’intérêt